10/28/2022

recharge en roulant light

Une transformation tirée par les enjeux écologiques, financiers et l’évolution des modes de consommation. 

Existant depuis des temps anciens, le leasing est un contrat de crédit tripartite à durée déterminée, principalement utilisé par les entreprises pour financer des investissements importants. Démocratisé dans les années 70 par l’émergence des automobiles au sein des foyers, le leasing dont le terme est associé à deux offres de location distinctes, la location longue durée (LLD) et la location avec option d’achat (LOA), jouissait alors d’une mauvaise réputation puisqu’il était associé aux « bad boys » qui dilapidaient leur argent en louant des belles voitures au lieu de construire un foyer.

Aujourd’hui, le leasing est utilisé par les particuliers comme par les professionnels et les entreprises, pour toutes sortes d’investissements, mobiliers (biens d’équipement, matériel informatique, matériel médical, …) comme immobiliers. Conjugué sous différentes formes, il permet le financement de tous moyens de locomotion standards mais aussi plus ludique : le vélo électrique, la trottinette, segway, gyro-roue, hoverboard…

En 2022, 40% des véhicules neufs sont financés en leasing (avec ou sans option d’achat), contre 25,7% pour les véhicules d’occasions, dont la hausse, a fait un bon de 45% sur le T1 2022. A date, 31% des financements en montant concernent le marché automobile, dont 62% en leasing qui représentent 47% des immatriculations des véhicules neufs pour 836 millions d’euros.

Le leasing répond aux évolutions de la société. 

Ce financement se singularise par sa capacité à s’adapter aux évolutions de la société, répondant à l’économie circulaire, à la volonté d’accéder à l’usage plutôt qu’au bien, au souhait de renouveler régulièrement son équipement, à la volonté d’avoir des offres « full-service ».

Alors que les mois de pandémie ont stoppé une bonne partie de l’économie française comme mondiale, les entreprises en ont profité pour modifier leurs espaces de travail et équiper leurs salariés en ordinateurs et téléphones portables. En faisant massivement appel au leasing, elles libèrent ainsi une partie de leur fond propre.

L’Etat même préconise l’utilisation du leasing pour l’accession aux véhicules électriques. La mesure « macron » propose d’acquérir un véhicule électrique à moins de 100 euros par mois en LOA, aux jeunes, aux professions sociaux-médicales et aux revenus les plus modestes. Seraient concernés 100 000 véhicules pour 50 Millions d’euros, sur la 1ere année, à compter de septembre 2022.

Ces enjeux incitent les parties prenantes à mettre en œuvre des partenariats avec des acteurs spécialisés. 

Les associations avec des fintechs se multiplient pour améliorer l’expérience client et les offres de services.

  • A titre d’exemple, CAL&F, acteur majeur du crédit-bail et de l’affacturage en France et en Europe, lance son premier projet «Start&Pulse» pour «améliorer la joignabilité», les processus et les offres grâce à la collaboration avec des start-ups¹.
  • La Banque Postale mise sur NovaLend pour digitaliser son offre de crédit-bail².
  • ALD est entrée en 2021 au capital de la start-up technologique belge « Skipr » afin de proposer des services de mobilité plus diversifiés et adaptés aux nouveaux usages³.
  • BNP Paribas Leasing Solutions, en collaboration avec Fleet, permet d’automatiser l’intégralité du parcours de demande du leasing.

La transformation digitale, déjà initiée depuis quelques années, est devenue nécessaire pour répondre aux attentes de produits, services et d’expérience client.

Pendant des années, les systèmes informatiques des banques ont été un obstacle à la transformation digitale.

L’enjeu consiste non seulement à poursuivre la transformation digitale (recommandée par l’ACPR*) mais également à renforcer la résilience de leurs systèmes d’information, améliorer la modularité, l’interopérabilité et profiter de l’émergence des nouvelles technologies : l’intelligence artificielle et la blockchain font leur entrée dans le leasing.

L’étude ACPR* 2022 sur la transformation numérique du secteur bancaire français (n°131), explique comment les banques traditionnelles poursuivent leur transformation digitale avec une priorité stratégique claire : repenser la relation client pour mieux la conserver.

L’Intelligence Artificielle peut contribuer à l’analyse comportementale des conducteurs, aux calculs des cotations, à l’évaluation du risque, aux calculs de VR. 

  • IBM propose un suivi rapproché de tous les évènements de la vie du véhicule, ainsi que le comportement du client au volant. Ces données sont alors utilisées pour le calcul de la Valeur Résiduelle et permet l’adaptation des contratsvoir des échéances à la conduite et à l’entretien du véhicule.
  • L’IA contribue également à la sécurité des conducteurs par le biais de nombreux capteurs, au confort de conduite par l’intégration de la météo et du trafic dans l’aide à la navigation, gère l’entretien prédictive pour traiter les soucis avant qu’ils n’apparaissent⁵ et remontent ces informations aux constructeurs mais également aux financeurs qui pourraient demain, pourquoi pas, intégrer ces données au scoring d’octroi de la prochaine location.

 La Blockchain pour combattre la fraude, sécuriser les contrats, améliorer l’expérience client…

  • Les opportunités envisagées sont l’amélioration du parcours client, avec un registre partagé et infalsifiable, la facilitation de l’octroi, avec la solution de KYC Leia (Synecron, R3), la limitation des risques de fraudes (l’application de la start-up Monuma) et la réduction des coûts couplés avec la performance (Paypite propose par exemple plus de 10 000 transactions à la seconde, sécurisées à faible coût).
  • L’utilisation des « smart contracts » présente aussi un use-case intéressant, en bloquant le véhicule devant le domicile du locataire en cas de défaut de paiement ; en donnant automatiquement la main à l’agent de recouvrement en débloquant une clé spéciale facilitant la reprise du véhicule. Cette fonctionnalité ayant un impact organisationnel et humain non négligeable dans les services de recouvrement ou de contentieux, nécessite de repenser les process de suivi des contrats.
  • Le NFT, qui pourrait être apparenté à un coffre-fort est une clé certifiée modifiée lors de chaque intervention sur le véhicule qui garantit le kilométrage, la connaissance d’un incident, des interventions sur le véhicule. Ce concept infalsifiable n’est valable que si le véhicule n’est entretenu par son constructeur. Ce concept onéreux, avec Alfa Roméo en précurseur, ne semble pas encore se propager auprès d’autres marques.

Les cas d’usage sont multiples, à condition de croire en ces nouvelles technologies. Au Maroc la filiale leasing du groupe BCP, dans le cadre de la digitalisation continue de son offre et de l’amélioration de l’expérience client, lance une opération d’émission d’obligations basée sur la technologie Blockchain en faisant appel aux meilleurs standards de la technologie Blockchain, qui garantissent un niveau de sécurité élevé et permettant une réduction des coûts et des délais, ainsi qu’une grande fluidité de traitement. … En France, les principaux financeurs restent prudents et les cas d’usage portent principalement sur la traçabilité du véhicule, la sécurité du conducteur et le montant de l’assurance en lien avec sa conduite⁶.

Le leasing, valeur refuge des institutions financières. 

Dans un contexte économique incertain, le marché du leasing devient une valeur refuge pour contribuer à la croissance des résultats des établissement financiers.

Nous constatons de plus une concentration forte du marché. A titre d’exemple :

  • La Société Générale a acquis LeasePlan, numéro 1 européen du secteur de la LOA pour 4,9 milliards⁷.
  • Pour pénétrer de nouveaux marchés et en particulier la mobilité, Cofidis investit le marché automobile en partenariat avec Aiways⁸.
  • Pour s’étendre à l’international, Leasys poursuit son développement avec le rachat de l’espagnol Drivalia Car Rental⁹.

Pascal Benarousse, Associé

Laurence Loison, Senior Manager

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